Pau une ville chargée d’histoire et de passionnés de sports mécaniques.
Un circuit en ville est-ce encore possible de nos jours où la sécurité et le principe de précaution priment sur tout, en France non mais à Pau c’est une réalité.
Le tracée est le même depuis plus de 70 ans.
Une superbe organisation avec des animations pour distraire les visiteurs entre les différentes courses.
A notre arrivée, dans le centre ville, on est pris en charge par 2 motards de la gendarmerie nationale qui nous escortent jusqu’à nos paddocks situés vers la gare.
Il est curieux de se promener dans ses rues étroites bondées de monde et de se dire que le lendemain aura lieu au même endroit une course de voitures.
En grille pour le départ, on est tous les uns sur les autres ceci à cause de la faible largeur de la piste.
Pour la 2e course, gros carton au départ, des bouts d’ailes qui volent, de la fumée, la voiture d’Olivier Massoutre qui décolle, personne ne ralenti et tout le monde passe au milieu des débris.
Dans cette masse de voitures fumantes et hurlantes, il faut trouver un passage et s’intercaler.
Le premier rétrécissement arrive très vite, c’est le virage de la gare où est amassé dans les tribunes des spectateurs avides de sensations, des voitures de partout, je suis bousculé sur ma gauche, poussé par l’arrière, il faut tenir sa place, ça passe, j’ai de la chance.
200 mètres de ligne droite en montée à deux de front entre les rails dans une rue où dans la semaine les automobilistes sont obligés de ralentir pour se croiser.
Au bout, c’est le pont Oscar, un gauche à 90°, en face la pile du pont, tu freines fort, dégressif, tu passes la 2, tu t’appliques, tu regardes la sortie du virage et tu serres les fesses, tu es déjà dans le virage du casino, épingle à droite, en face, c’est le trottoir et le rail, grosse vitesse volant, j’attends que l’auto tourne et gaz à fond.
Pas de repos, c’est la parc Beaumont, des courbes qui s’enchainent, gauche, droite, gauche, droite toutes en aveugle, ça passe en 4ème, toujours des trottoirs et des rails métalliques, comme sur l’ensemble du circuit, derrière les rails, il y a des câbles en acier qui tiennent de solides grillages. À espaces réguliers il y a des petites ouvertures qui laissent apparaître des têtes de commissaires prêts à agiter le drapeau jaune.
Dans Beaumont, il y a des secondes à gagner ou à perdre, il faut absolument mettre du gaz, les repères ce sont les marquages au sol des passages piétons, les images défilent très vite et se bousculent dans ma tête, il faut rester calme, analyser les réactions de l’auto et réagir dans l’instant, la voiture glisse, le trottoir devient de plus en plus gros, je contrôle « l’accel », c’est chaud mais ça passe.
A la dernière courbe à droite, il faut absolument sortir à droite si non, c’est le socle en pierre de taille de la statue du maréchal Foch qui sera ton dernier souvenir !!
En face, une maison bourgeoise qui en dehors de cette course de la peur doit être fort accueillante mais qui dans l’instant me saute à la figure comme un coup de poing à l’estomac.
Gros frein, gros volant, en m’aidant du trottoir de droite, je jette l’auto pour placer la voiture parallèle à cette fichue maison.
Vite, c’est une épingle à gauche qui s’ouvre sur une grosse descente puis un droite très serré qui passe en 2e, ce virage est sans fin, le point de corde est passé, j’accélère, je passe la 3, je m’engage dans une succession de virages sans aucune visibilité que je découvre au fur et à mesure, ça va, personne en travers, j’alterne la 2 et la 3, gros frein, en face, c’est un mur, un mur massif, bien planté, invulnérable qui semble me regarder droit dans les yeux.
Au milieu de la rue une chicane en béton solidement ancrée au sol que je dois contourner pour me jeter dans une ruelle, j’évite la maison en face en venant tutoyer au plus juste le trottoir je prends un maximum d’élan pour m’engager dans la ligne droite.
ça descend toujours, je pousse la 2, la 3, la 4, la 5 puis enfin la 6, les maisons défilent vite, très vite, au fond, un mur, un mur blanc qui donne l’impression que la rue s’arrête, c’est une courbe à droite, je soulage « l’accel », à environ 200 km/h je m’engage dans ce goulet en espérant qu’il n’y aura pas un concurrent en perdition.
Vite les freins, c’est déjà le virage de la gare pour une nouvelle boucle ; il reste encore 12 tours…
Mon gars, quand le drapeau à damiers est enfin agité, essoufflé, transpirant, mouillé jusqu’aux chaussettes et au slip, enfin tu respires vraiment.
A bientôt pour de nouvelles aventures plus raisonnables.
Jean Paul.